La Toussaint

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Homélie prononcée le 1er novembre 2023

La sainteté est-elle pour tout le monde ?…Ou pour une sorte d’élite dont la vie serait tout simplement exceptionnelle ?…. Et la sainteté, est-ce bien ce que nous voulons ? Car la vie des saints peut ne pas nous apparaître comme très attirante. A travers les représentations qui ont pu en être faite, elle peut nous apparaître comme doucereuse et mielleuse…Pas de quoi s’enthousiasmer. Elle peut nous apparaître aussi comme inatteignable : tout le monde ne peut pas mourir sur un grill comme Laurent ou mangé par les lions ou transpercé par des taureaux…comme les martyrs de Vienne et Lyon en 177 il y a plus de 18 siècles ! Oui quelques fois les saints nous paraissent plus admirables qu’imitables…et nous baissons les bras.
Aujourd’hui nous fêtons tous les saints, les saints connus, ceux du calendrier, mais aussi ceux qui sont restés anonymes, ceux qui ont passés leur vie à faire le bien dans la discrétion…car, vous le savez, le bien ne fait pas de bruit.
Comme le dit St Bernard dans une homélie de la Toussaint (12ème siècle !), les saints n’ont pas besoin de nos honneurs et rien dans notre culte ne peut leur être utile ; c’est pour nous que nous vénérons leur mémoire. C’est pour aviver notre désir d’être en leur compagnie, d’être avec la Christ dans la gloire, Lui qui est notre vie.
Les saints sont là pour nous dire que vivre dans l’intimité de Dieu n’est pas impossible, que des gens comme nous, des hommes et des femmes, des jeunes, ont vécus dans l’ordinaire de leur vie, donc avec imperfection, les béatitudes que je viens de proclamer. Ils ont essayé du mieux qu’ils pouvaient de mettre leur vie en harmonie avec leur foi dans le concret de la vie de tous les jours, dans la vie d’hommes et femmes mariés faisant grandir une famille ou dans une vie de célibataire en se rendant disponible pour aider les autres, pour les accompagner …Nous ne fêtons pas les saints pour dire combien ils sont grands …et tellement mieux que nous, mais pour prendre exemple sur eux, pour les imiter…. Eux aussi ils ou elles ont eu leurs difficultés…et ça n’est pas tombé tout cuit…Mais ils sont restés fidèles à Jésus-Christ, fidèles à leur baptême.
La fête de la Toussaint nous fait entrevoir ce qu’est la vie en Dieu, ce qu’on appelle faute de mieux « le ciel ou le paradis ». C’est la communion de ceux et celles qui acceptent de suivre Jésus, qui essayent de mener une vie dont les caractéristiques nous sont données par Jésus lui-même. Il nous parle des pauvres de cœur, de ceux qui pleurent, des doux, des affamés et des assoiffés de la justice, des cœurs purs…
Voilà, pour lui, les Saints ; des personnes bien réelles qui nous sont proches dans nos choix, nos démarches et nos échecs… et nos misères, aussi. Ce sont, des gens comme nous.
C’est ici et maintenant que la vie éternelle commence…ce n’est pas après la mort. La vie éternelle est commencée pour chacun d’entre nous. Et la vie avec Dieu, c’est la communion de ceux et celles qui construisent la paix et l’espérance, qui accompagnent leurs frères avec bienveillance, qui laissent advenir Dieu dans leur vie. Les Béatitudes ne sont pas une idéologie ou une utopie pour nous anesthésier. Pauvreté, douceur, pleurs, justice, miséricorde, pureté, main tendue, pardon, paix, persécution…Tout cela n’est évidemment pas dans la panoplie des bonheurs recensés par la publicité. Rien de tout cela chez les marchands de bonheur sans effort. Les Béatitudes sont le condensé de ce qu’a expérimenté Jésus dans sa vie d’homme, dans sa recherche de la communion avec les hommes et avec Dieu son Père. Pour Jésus, bonheur humain et bonheur en Dieu coïncident authentiquement.
Le chemin des Béatitudes est ouvert pour chacun et chacune d’entre nous sans exception, un chemin de communion qui nous engage dans l’aujourd’hui de nos vies. Il suffit de le prendre.
Prions les uns pour les autres, prions pour que chacun avance avec confiance et dans la simplicité du cœur sur ce chemin, vers ce bonheur qui nous est promis en mettant en œuvre les Béatitudes. Bonne fête à tous !