La prière sacerdotale du Christ

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Homélie prononcée le 26 mai 2020

Frères et sœurs,

Nous entendons ce matin la magnifique prière de Jésus au soir du jeudi saint, prière dite sacerdotale parce que c’est la prière par laquelle Jésus se prépare à s’offrir pour nous. C’est sa prière de prêtre qui se donne entièrement à Dieu pour que le monde vive. Cette grande prière commence ainsi : « Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils », c’est-à-dire « fais apparaître toute ta gloire en ton Fils ». La gloire de Dieu, c’est la manifestation de la transcendance de Dieu avec tout son poids de présence. Dans l’Ancien Testament, vous le savez, quelque chose ou quelqu’un est glorieux parce que sa présence a du poids. Ce qui est du côté de Dieu, ce qui est glorieux, c’est ce qui a du poids, ce qui va rester avec le temps et jusque dans l’éternité, alors que ce qui est du côté du mal et du péché, c’est ce qui n’a pas de poids, ce qui va disparaître comme la paille emportée par le vent. Qu’en ces jours où nous sommes, entre l’Ascension et la Pentecôte, nous demandions à Dieu la grâce de donner du poids à notre vie, en comprenant que ce poids doit être celui de l’amour qui dure et qui se sépare du mensonge et des faux semblants.

Et le Christ continue alors en priant « pour eux » ses disciples et non pas pour le monde : « je prie pour eux – c’est-à-dire pour les hommes que tu as tirés du monde pour me les donner - je ne prie pas pour le monde ». Voilà qui est étonnant puisqu’au début de son évangile saint Jean nous dit que Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique pour que tout homme qui croit en lui ait la vie éternelle. » Comprenons que le « monde » pour lequel Jésus ne prie pas désigne ceux qui, parmi les hommes de ce monde, refusent d’ouvrir leur cœur à la grâce, et qui considèrent que Dieu n’existe pas, qu’il n’est qu’un archaïsme de la pensée, une sous-culture dont l’homme doit se débarrasser pour devenir enfin lui-même. La prière de Jésus ne peut pas les atteindre parce qu’ils la refusent. Tel est le drame qui parcourt tout l’évangile de saint Jean qui est un long procès. Dieu ne force pas nos libertés, parce qu’il ne nous force pas à l’aimer. Un amour forcé n’est pas un véritable amour.

Et le Christ termine alors en disant : « je prie pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à Toi, Père ». Quand nous dirons le Notre Père, tout à l’heure, pensons que cette prière à Dieu notre Père exprime en quelques mots tout ce pour quoi Jésus est venu dans le monde. Il est venu pour nous remettre dans l’amour de Dieu Notre Père et notre créateur, nous remettre dans cet Amour éternel qui n’est pas une idée, une opinion philosophique, une utopie de plus, mais qui est la réalité-même dans laquelle nous sommes et vers laquelle nous allons tous. Dit autrement, Frères et Sœurs, quand nous sommes dans le Christ nous avons accès au Père, c’est-à-dire à l’Amour éternel qui crée le monde, qui crée l’univers visible et invisible, comme le dit le credo. Et cela change quelque chose à notre manière de vivre, car alors, nous savons où nous allons, et nous nous orientons en fonction de notre but final. Nous ne sommes pas des enfants perdus enfermés dans les limites de l’existence terrestre. Nous allons vers une éternité d’amour qui dépasse et qui transcende notre univers créé, si incommensurable soit-il aux yeux de nos télescopes et de nos théories physico-mathématiques.

Notre terre a commencé un jour, et un jour elle finira, longtemps ou pas longtemps après notre humanité, peu importe. Notre terre n’a pas toujours existé. Elle n’est pas éternelle. Un jour elle sera détruite. Notre univers, si démesuré soit-il, n’a pas toujours existé. Il n’est pas éternel. Un jour il finira. S’il existe d’autres humanités dans notre univers, elles ne sont pas éternelles, et un jour elles finiront elles aussi quel que soit leur degré de civilisation.

Mais le Christ ressuscité monté au ciel et revêtu de toute la puissance de Dieu demeure pour l’éternité. Il est la tête de l’univers, du cosmos et de toute humanité. Il est l’Alpha et l’Omega, le commencement et la fin de toute chose, et tout s’intègre en lui. Et il n’est pas une force anonyme, un pouvoir conquérant, un empire qui s’étend. Laissons là ce rêve de toute-puissance qui vient des phantasmes du monde pécheur. Non, le Christ Jésus est Dieu lui-même qui, dans son Amour éternel, créateur et sauveur, a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme pour nous les hommes et pour notre salut. Il nous aime tellement qu’il a voulu partager notre vie, nos souffrances et notre mort, pour que nous puissions les traverser dans son amour.

Etre chrétien, être disciple du Christ, c’est recevoir de l’Esprit-Saint du Christ la capacité de rester dans l’espérance et dans la paix au milieu des adversités, c’est recevoir de l’Amour du Père vers lequel nous allons, et dans lequel nous vivons, la capacité de donner à nos moindres actes, heureux ou malheureux, un retentissement éternel dans le cœur de Dieu, parce que nous les vivons en communion avec lui.

Frères et Sœurs, l’Esprit-Saint du Christ brûle en nous la racine de toute désespérance, et il régénère et recrée en nous surnaturellement un amour de la vie qui ne tient pas à notre force de caractère ni à nos sécurités économiques. Non, cet amour de la vie vient de Dieu et a vaincu l’esprit du monde, pas pour juger le monde mais pour le sauver. Soyons donc des hommes et des femmes de confiance qui n’ont peur ni du passé ni de l’avenir parce qu’ils savent – comme le dirait l’apôtre saint Pierre – « qu’au-delà de toute souffrance une joie sans fin nous attend. » (cf. 1P 4,13). Amen.

P. Patrick Faure

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